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J’ai grand besoin d’un frac et d’une anglaise ou redingote. Envoie-moi de suite le drap pour les deux parce que j’espère que ce ne sera point à Grenoble que tu me les feras faire ; car vraiment j’ai l’air d’un lourdaud avec mes habits amples à longue taille et d’une forme détestable : et je t’avouerai que c’est là la cause que je ne vois personne, car tu n’ignores pas qu’à Paris il faut être habillé avant tout. Tu sais que je n’ai qu’une culotte noire pour l’hiver : je n’ai qu’un gilet de portable !


Enfin, le voici à peu près nippé !


J’ai reçu le paquet d’habits. L’anglaise est très jolie, les culottes encore plus. Le gilet vaut trente sols sur les boulevards, ce qui aurait pu t’épargner trois francs dix sols de port. Je ne te dis rien sur tes bas de soie noire, ils sont passables pour porter le soir chez M. Millin, où personne ne vous regarde les jambes, ou bien à mettre le jour en allant faire visite aux Quinze-Vingts. Voilà les grandes occasions auxquelles je les réserve, à moins que tu n’en aies besoin pour raccommoder ceux qui te restent. Car enfin avoue que tu ne les porterais pas. Je te dirai aussi que j’ai fait faire une jolie culotte de casimir ventre de biche, et un gilet passable de Pentecôte : J’ai pris cela chez Martin, il t’enverra le compte. Quand je serai habillé, botté, je ferai toutes tes commissions quelles qu’elles soient car alors je pourrai paraître devant le public. J’irais même voir l’empereur si cela te fait plaisir !


L’étudiant ne fait jamais allusion à des dépenses féminines. On va voir que ses travaux lui laissaient