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Un ami lui restait, et ce malheureux père
Lui dépeignant son affreuse misère,
Court dans son sein épancher sa douleur.
Il pleure, il crie, il se désole ;
Son fidèle ami le console,
Et lui promet une ombre de bonheur.

« Il nous faut employer la feinte.
« Écoute : voici mon dessein,
« Lui dit l’ami, pour mettre fin
« À ces douleurs dont son âme est atteinte.
« Quelqu’un viendra t’apporter de ma part
« Une somme considérable.
« Aussitôt après son départ
« Étale l’argent sur la table
« Et fais que tes deux fils puissent l’apercevoir :
« Et tu verras bientôt changer leur train de vie.
« Dans peu de temps tu vas les voir
« Se conduire à ta fantaisie. »

Ainsi parle l’ami ; le vieillard rassuré
Conserve cependant un peu d’humeur chagrine.
Ses fils arrivent et l’on dîne.
Par un homme inconnu le repas est troublé :
Le père reçoit l’or, l’envoyé se retire.
« Écoutez, mes enfants, ce que je vais vous dire :
« Vous êtes étonnés de me voir tout cet or ;
« En vous donnant mon bien j’ai fait une imprudence,
« Mais cet argent me reste encore,
« Et ce sera la récompense,
« Lorsque la mort m’enlèvera,
« De celui de vous deux qui le méritera. »