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Page:La Brochure mensuelle - Année 1923 - Numéros 1 à 12B.djvu/307

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l’honneur d’avoir à ce point dépassé les idées de son temps, — et, vraiment, nous pouvons dire de notre temps. Un bon antidote, cela, contre ces superstitions politiques qui prévalent si largement. Un bon frein au sentiment d’adoration du pouvoir qui nous égare encore en nous conduisant à exagérer les prérogatives des gouvernements constitutionnels, comme jadis celles des monarques. Que les hommes sachent qu’une puissance législative n’est pas « notre Dieu sur la terre », quoique, par l’autorité qu’ils lui attribuent et par les choses qu’ils attendent d’elle, il semblerait qu’il l’imaginassent ainsi. Mieux, qu’ils sachent que c’est une institution servant à des fins purement temporaires, et dont le pouvoir, quand il n’est pas volé, est, tout au moins, emprunté.

Qui plus est, en vérité, n’avons-nous pas vu que le gouvernement est essentiellement immoral ? N’est-il pas la postérité du mal, portant autour d’elle toutes les marques de son origine ? N’existe-t-il pas parce que le crime existe ? N’est-il pas fort, ou, comme nous disons, despotique, quand le crime est grand ? N’y a-t-il pas plus de liberté — c’est-à-dire moins de gouvernement — à mesure que le crime diminue ? Et le gouvernement ne doit-il pas cesser quand le crime cesse, par le manque même d’objets sur lesquels accomplir sa fonction ? Non seulement le pouvoir des maîtres existe à cause du mal, mais il existe par le mal. La violence est employée