Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/101

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Dominique pere.

Je jouissais en songeant que j’amassais pour mon fils : prenez bien garde, il n’y a pas là une seule obole qui n’ait été acquise d’après les loix les plus sévéres de l’exacte probité. Tout est à moi bien légitimement… allez, cet argent profitera.

M. Delomer.

Mais si ce fils si cher était venu à mourir, vous n’aviez que lui ! quels chagrins alors ! Entre les mains de qui cet or aurait-il passé ? que d’épargnes inutiles & perdues !

Dominique pere.

Oh ! j’y avais songé.

M. Delomer.

Qu’auriez-vous fait ?

Dominique pere.

Quand je me suis dit à l’âge de vingt ans, il faut que je m’assûre pour moi & pour les miens une somme quelconque, afin de parer aux besoins de la vie, parce que l’argent sous ce point de vue est aussi nécessaire qu’une roue l’est à ma brouette, je ne songeais pas à mon enfant, puisque je n’étais pas encore marié ; mais dès ce tems-là j’avais un projet en tête.

M. Delomer.

Et quel était-il, votre projet ?