Aller au contenu

Page:La Brouette du vinaigrier Mercier Louis-Sébastien 1775.pdf/61

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

Ne rompez pas cette circulation, l’ame du commerce ; qu’il soit respecté par vous-même au milieu des revers : l’équité & l’honneur surmontent toutes les difficultés. Envisagez le tort que vous allez faire ; vingt familles seront précipitées dans l’indigence, & vous accuseront ; elles seront sans ressources, & vous en avez encore. Daignez vous ouvrir à moi : croyez-vous avoir assez pour parer à tout, si vous vouliez ne rien faire perdre.

M. Delomer.

Oui ; mais, mon cher ami, il ne me resterait absolument rien ; il me faudrait tout vendre, mes deux maisons, ma campagne, & peut-être jusqu’à mon mobilier.

Dominique fils.

Mais aussi vous ne devriez plus rien à personne !

M. Delomer.

Et que deviendrais-je après ? Vraiment je ferais alors dans le monde une belle figure.

Dominique fils.

On est toujours riche, quand on a tout payé. Croyez que vous serez cent fois plus heureux dans l’état le plus médiocre, lorsque vous ne serez exposé à aucun reproche : je vous connais, Monsieur ; vous ne savez pas l’effet que ferait sur vous le regard d’un homme qui vous dirait : tu m’as trompé ; vous n’y êtes point accoutumé : la premiere épreuve serait mortelle : oui, mortelle, j’en suis sûr…