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Scène IV.

Mademoiselle DELOMER soupire
& dit après un court silence.

Qu’il est cruel d’étouffer des sentimens qui semblent aussi légitimes ! Avec quelle noblesse il vient de parler ! Ah ! mon cœur approuvait tout ce qu’il disait. Son ame répond bien à la mienne… d’où vient donc que je prends si peu de part à l’infortune qui nous accable ? Au moins, si j’en crois ce pressentiment flatteur, je n’épouserai pas Jullefort… mais s’il ne voyait que moi dans l’union projettée, s’il m’aimait assez pour secourir mon pere, je devrais plus que jamais me sacrifier pour lui… cette idée m’alarme, m’épouvante… je desire & je crains… je sais quel est mon devoir, mais je sais aussi quel est mon cœur… le voici, que je tremble de le trouver généreux ; mais hélas ! quel souhait terrible !