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homme… j’en ressens une joie secrette… mais l’état de mon pere me trouble & m’attendrit. Ce n’est que pour lui que je regrette cette fortune qui assurait le repos de ses dernieres années ; pour moi il me semble qu’avec Dominique je passerais ma vie dans la derniere médiocrité, sans jetter un seul soupir… oui, dans ce moment je serais heureuse si mon pere ne souffrait plus.


Scène VII.

Mademoiselle DELOMER, DOMINIQUE fils.
Dominique fils, traversant le Théâtre
& tenant un porte-feuille en main.

Dans ces momens, Mademoiselle, je ne m’occupe qu’à parer les coups les plus violents de la tempête : il reste quelquefois des ressources inespérées, & le temps amène toujours de singuliers changemens : peut-être que les affaires prendront un autre tour, ne désespérez pas ; tout n’est peut- être pas perdu & je vais chercher les moyens de remédier à ce qu’il y a de plus pressé… ce tems, hélas ! n’est pas celui de vous parler de moi.

Mademoiselle Delomer.

J’en veux moins à ce coup du sort, Dominique : il semble me rapprocher de vous ; nos destinées du