Aller au contenu

Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/226

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

jusques à inviter ses amis à un repas, il prétexte des raisons pour ne pas se mettre à table et manger avec eux, et il charge ses principaux domestiques du soin de les régaler. Il ne lui arrive point de rendre visite à personne sans prendre la précaution d’envoyer quelqu’un des siens pour avertir qu’il va venir. On ne le voit point chez lui lorsqu’il mange ou qu’il se parfume. Il ne se donne pas la peine de régler lui-même des parties ; mais il dit négligemment à un valet de les calculer, de les arrêter et les passer à compte. Il ne sait point écrire dans une lettre : « Je vous prie de me faire ce plaisir ou de me rendre ce service », mais : « J’entends que cela soit ainsi ; j’envoie un homme vers vous pour recevoir une telle chose ; je ne veux pas que l’affaire se passe autrement ; faites ce que je vous dis promptement et sans différer. » Voilà son style.