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Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/291

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la cherche, et elle est quelquefois où on ne la cherche point.

(IV) L’éloquence est au sublime ce que le tout est à sa partie.

(IV) Qu’est-ce que le sublime ? Il ne paraît pas qu’on l’ait défini. Est-ce une figure ? Naît-il des figures, ou du moins de quelques figures ? Tout genre d’écrire reçoit-il le sublime, ou s’il n’y a que les grands sujets qui en soient capables ? Peut-il briller autre chose dans l’églogue qu’un beau naturel, et dans les lettres familières comme dans les conversations qu’une grande délicatesse ? ou plutôt le naturel et le délicat ne sont-ils pas le sublime des ouvrages dont ils font la perfection ? Qu’est-ce que le sublime ? Où entre le sublime ?

(IV) Les synonymes sont plusieurs dictions ou plusieurs phrases différentes qui signifient une même chose. L’antithèse est une opposition de deux vérités qui se donnent du jour l’une à l’autre. La métaphore ou la comparaison emprunte, d’une chose étrangère une image sensible et naturelle d’une vérité. L’hyperbole exprime au delà de la vérité pour ramener l’esprit à la mieux connaître. Le sublime ne peint que la vérité, mais en un sujet noble ; il la peint tout entière, dans sa cause et dans son effet ; il est l’expression ou l’image la plus digne de cette vérité. Les esprits médiocres ne trouvent point l’unique expression, et usent de synonymes.