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Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/384

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Je suppose qu’il n’y ait que deux hommes sur la terre, qui la possèdent seuls, et qui la partagent toute entre eux deux : je suis persuadé qu’il leur naîtra bientôt quelque sujet de rupture, quand ce ne serait que pour les limites.


48 (VII)


Il est souvent plus court et plus utile de cadrer aux autres que de faire que les autres s’ajustent à nous.


49 (V)


J’approche d’une petite ville, et je suis déjà sur une hauteur d’où je la découvre. Elle est située à mi-côte ; une rivière baigne ses murs, et coule ensuite dans une belle prairie ; elle a une forêt épaisse qui la couvre des vents froids et de l’aquilon. Je la vois dans un jour si favorable, que je compte ses tours et ses clochers ; elle me paraît peinte sur le penchant de la colline. Je me récrie, et je dis : « Quel plaisir de vivre sous un si beau ciel et dans ce séjour si délicieux ! » Je descends dans la ville, où je n’ai pas couché deux nuits, que je ressemble à ceux qui l’habitent : j’en veux sortir.


50 (IV)


Il y a une chose que l’on n’a point vue sous le ciel et que selon toutes les apparences on ne verra jamais : c’est une petite ville qui n’est divisée en aucuns partis ; où les familles sont unies, et où les