par les anciens et les modernes, se jettent d’abord dans leur application aux mœurs du temps, corrigent les hommes les uns par les autres, par ces images de choses qui leur sont si familières, et dont néanmoins ils ne s’avisaient pas de tirer leur instruction.
Tel est le traité des Caractères des mœurs que nous a laissé Théophraste. Il l’a puisé dans les Ethiques et dans les grandes Morales d’Aristote, dont il fut le disciple. Les excellentes définitions que l’on lit au commencement de chaque chapitre sont établies sur les idées et sur les principes de ce grand philosophe, et le fond des caractères qui y sont décrits est pris de la même source. Il est vrai qu’il se les rend propres par l’étendue qu’il leur donne, et par la satire ingénieuse qu’il en tire contre les vices des Grecs, et surtout des Athéniens.
Ce livre ne peut guère passer que pour le commencement d’un plus long ouvrage que Théophraste avait entrepris. Le projet de ce philosophe, comme vous le remarquerez dans sa préface, était de traiter de toutes les vertus et de tous les vices ; et comme il assure lui-même dans cet endroit qu’il commence un si grand dessein à l’âge de quatre-vingt-dix-neuf ans, il y a apparence qu’une prompte mort l’empêcha de le conduire à sa perfection. J’avoue que l’opinion commune a toujours été qu’il avait poussé sa vie au delà de cent ans, et saint Jérôme, dans une lettre qu’il écrit à Népotien, assure qu’il est