Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/84

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les sentiments de ce philosophe, lorsque dans le livre qu’il intitule Brutus ou des Orateurs illustres, il parle ainsi : « Qui est plus fécond et plus abondant que Platon ? plus solide et plus ferme qu’Aristote ? plus agréable et plus doux que Théophraste ? » Et dans quelques-unes de ses épîtres à Atticus, on voit que, parlant du même Théophraste, il l’appelle son ami, que la lecture de ses livres lui était familière, et qu’il en faisait ses délices.

Aristote disait de lui et de Callisthène, un autre de ses disciples, ce que Platon avait dit la première fois d’Aristote même et de Xénocrate : que Callisthène était lent à concevoir et avait l’esprit tardif, et que Théophraste au contraire l’avait si vif, si perçant, si pénétrant, qu’il comprenait d’abord d’une chose tout ce qui en pouvait être connu ; que l’un avait besoin d’éperon pour être excité, et qu’il fallait à l’autre un frein pour le retenir.

Il estimait en celui-ci sur toutes choses un caractère de douceur qui régnait également dans ses mœurs et dans son style. L’on raconte que les disciples d’Aristote, voyant leur maître avancé en â