Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 1.djvu/97

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des mœurs ; et l’on n’a point été détourné de son entreprise par deux ouvrages de morale qui sont dans les mains de tout le monde, et d’où, faute d’attention ou par un esprit de critique, quelques-uns pourraient penser que ces remarques sont imitées.

L’un, par l’engagement de son auteur, fait servir la métaphysique à la religion, fait connaître l’âme, ses passions, ses vices, traite les grands et les sérieux motifs pour conduire à la vertu, et veut rendre l’homme chrétien. L’autre, qui est la production d’un esprit instruit par le commerce du monde et dont la délicatesse était égale à la pénétration, observant que l’amour-propre est dans l’homme la cause de tous ses faibles, l’attaque sans relâche, quelque part où il le trouve ; et cette unique pensée, comme multipliée en mille manières différentes, a toujours, par le choix des mots et par la variété de l’expression, la grâce de la nouveauté.

L’on ne suit aucune de ces routes dans l’ouvrage qui est joint à la traduction des Caractères ; il est tout différent des deux autres que je viens de toucher : moins sublime que le premier et moins délicat que le second, il ne tend qu’à rendre l’homme raisonnable, mais par des voies simples et communes, et en l’examinant indifféremment, sans beaucoup de méthode et selon que les divers chapitres y conduisent, par les âges, les sexes et les conditions,