Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/129

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suivi que ce qui se passe en si peu de temps dans leur cœur et dans leur esprit. Le remède à ce mal est de n’estimer les choses du monde précisément que ce qu’elles valent.

I34 (I)

Il est aussi difficile de trouver un homme vain qui se croie assez heureux, qu’un homme modeste qui se croie trop malheureux.

I35 (I)

Le destin du vigneron, du soldat et du tailleur de pierre m’empêche de m’estimer malheureux par la fortune des princes ou des ministres qui me manque.

I36 (I)

Il n’y a pour l’homme qu’un vrai malheur, qui est de se trouver en faute, et d’avoir quelque chose à se reprocher.

I37 (I)

La plupart des hommes, pour arriver à leurs fins, sont plus capables d’un grand effort que d’une longue persévérance : leur paresse ou leur inconstance leur fait perdre le fruit des meilleurs commencements ; ils se laissent souvent devancer par d’autres qui sont partis après eux, et qui marchent lentement, mais constamment.

I38 (VII)

J’ose presque assurer que les hommes savent encore mieux prendre des mesures que les