Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/158

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combien de temps, de règles, d’attention et de travail pour danser avec la même liberté et la même grâce que l’on sait marcher ; pour chanter comme on parle ; parler et s’exprimer comme l’on pense ; jeter autant de force, de vivacité, de passion et de persuasion dans un discours étudié et que l’on prononce dans le public, qu’on en a quelquefois naturellement et sans préparation dans les entretiens les plus familiers !

35 (I)

Ceux qui, sans nous connaître assez, pensent mal de nous, ne nous font pas de tort : ce n’est pas nous qu’ils attaquent, c’est le fantôme de leur imagination.

36 (I)

Il y a de petites règles, des devoirs, des bienséances attachés aux lieux, aux temps, aux personnes, qui ne se devinent point à force d’esprit, et que l’usage apprend sans nulle peine : juger des hommes par les fautes qui leur échappent en ce genre avant qu’ils soient assez instruits, c’est en juger par leurs ongles ou par la pointe de leurs cheveux ; c’est vouloir un jour être détrompé. 37 (VI)

Je ne sais s’il est permis de juger des hommes par une faute qui est unique, et si un besoin extrême ; ou une violente passion, ou un premier mouvement tirent à conséquence.

38 (IV)

Le contraire des bruits qui courent des affaires ou des personnes est souvent la vérité.

39 (IV)

Sans une grande raideur et une continuelle