Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/160

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d’écouter, de douter, de s’informer et de s’éclaircir. Les flatteurs, les fourbes, les calomniateurs, ceux qui ne délient leur langue que pour le mensonge et l’intérêt, sont les charlatans en qui il se confie, et qui lui font avaler tout ce qui leur plaît : ce sont eux aussi qui l’empoisonnent et qui le tuent.

42 (I)

La règle de Descartes, qui ne veut pas qu’on décide sur les moindres vérités avant qu’elles soient connues clairement et distinctement, est assez belle et assez juste pour devoir s’étendre au jugement que l’on fait des personnes.

43 (I)

Rien ne nous venge mieux des mauvais jugements que les hommes font de notre esprit, de nos mœurs et de nos manières, que l’indignité et le mauvais caractère de ceux qu’ils approuvent. Du même fonds dont on néglige un homme de mérite, l’on sait encore admirer un sot.

44 (I)

Un sot est celui qui n’a pas même ce qu’il faut d’esprit pour être fat.

45 (I)