Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/162

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

d’un homme d’esprit, une naïveté ou un bon mot, et dans celle d’un sot, une sottise.

5I (IV)

Si le fat pouvait craindre de mal parler, il sortirait de son caractère.

52 (IV)

L’une des marques de la médiocrité de l’esprit est de toujours conter.

53 (IV)

Le sot est embarrassé de sa personne ; le fat a l’air libre et assuré ; l’impertinent passe à l’effronterie : le mérite a de la pudeur.

54 (VIII)

Le suffisant est celui en qui la pratique de certains détails que l’on honore du nom d’affaires se trouve jointe à une très grande médiocrité d’esprit. Un grain d’esprit et une once d’affaires plus qu’il n’en entre dans la composition du suffisant, font l’important.

Pendant qu’on ne fait que rire de l’important, il n’a pas un autre nom ; dès qu’on s’en plaint, c’est l’arrogant.

55 (VII)

L’honnête homme tient le milieu entre l’habile homme et l’homme de bien, quoique dans une distance inégale de ces deux extrêmes.

La distance qu’il y a de l’honnête, homme à l’habile homme s’affaiblit de jour à autre, et est sur le point de disparaître.

L’habile homme est celui qui cache ses passions, qui entend ses intérêts, qui y sacrifie beaucoup de choses, qui a su acquérir du bien ou en conserver.