Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/272

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Il fallait savoir prodigieusement pour prêcher si mal. Autre temps, autre usage : le texte est encore latin, tout le discours est français, et d’un beau français ; l’Evangile même n’est pas cité. Il faut savoir aujourd’hui très peu de chose pour bien prêcher.

7 (IV) L’on a enfin banni la scolastique de toutes les chaires des grandes villes, et on l’a reléguée dans les bourgs et dans les villages pour l’instruction et pour le salut du laboureur ou du vigneron.

8 (I)

C’est avoir de l’esprit que de plaire au peuple dans un sermon par un style fleuri, une morale enjouée, des figures réitérées, des traits brillants et de vives descriptions ; mais ce n’est point en avoir assez. Un meilleur esprit néglige ces ornements étrangers, indignes de servir à l’Evangile : il prêche simplement, fortement, chrétiennement.

9 (I)

L’orateur fait de si belles images de certains désordres, y fait entrer des circonstances si délicates, met tant d’esprit, de tour et de raffinement dans celui qui pèche, que si je n’ai pas de pente à vouloir ressembler à ses portraits, j’ai besoin du moins que quelque apôtre, avec un style plus chrétien, me dégoûte des vices dont l’on m’avait fait une peinture si agréable.

I0 (IV)

Un beau sermon est un discours oratoire qui est dans toutes ses règles, purgé de tous ses défauts, conforme aux préceptes de l’éloquence humaine, et paré de tous les ornements de la rhétorique. Ceux