Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/287

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

comme l’on doute que ce soit pécher que d’avoir un commerce avec une personne libre. Quand l’on devient malade, et que l’hydropisie est formée, l’on quitte sa concubine, et l’on croit en Dieu. 7 (I)

Il faudrait s’éprouver et s’examiner très sérieusement, avant que de se déclarer esprit fort ou libertin, afin au moins, et selon ses principes, de finir comme l’on a vécu ; ou si l’on ne se sent pas la force d’aller si loin, se résoudre de vivre comme l’on veut mourir.

8

(I) Toute plaisanterie dans un homme mourant est hors de sa place : si elle roule sur de certains chapitres, elle est funeste. C’est une extrême misère que de donner à ses dépens à ceux que l’on laisse le plaisir d’un bon mot. (VI) Dans quelque prévention où l’on puisse être sur ce qui doit suivre la mort, c’est une chose bien sérieuse que de mourir : ce n’est point alors le badinage qui sied bien, mais la constance.

9 (I) Il y a eu de tout temps de ces gens d’un bel esprit et d’une agréable littérature, esclaves des grands, dont ils ont épousé le libertinage et porté le joug toute leur vie, contre leurs propres lumières et contre leur conscience. Ces hommes n’ont jamais vécu que pour d’autres hommes, et ils semblent les