Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/345

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prononcée ? Me permettraient-ils de publier, ou seulement de soupçonner, une tout autre raison de l’âpre censure qu’ils en firent, que la persuasion où ils étaient qu’elle la méritait ? On sait que cet homme, d’un nom et d’un mérite si distingué, avec qui j’eus l’honneur d’être reçu à l’Académie française, prié, sollicité, persécuté de consentir à l’impression de sa harangue, par ceux mêmes qui voulaient supprimer la mienne et en éteindre la mémoire, leur résista toujours avec fermeté. Il leur dit qu’il ne pouvait ni ne devait approuver une distinction si odieuse qu’ils voulaient faire entre lui et moi ; que la préférence qu’ils donnaient à son discours avec cette affectation et cet empressement qu’ils lui marquaient, bien loin de l’obliger, comme ils pouvaient le croire, lui faisait au contraire une véritable peine ; que deux discours également innocents, prononcés dans le même jour, devaient être imprimés dans le même temps. Il s’expliqua ensuite obligeamment, en public et en particulier, sur le violent chagrin qu’il ressentait de ce que les deux auteurs de la gazette que j’ai cités avaient fait servir les louanges qu’il leur avait plu de lui donner à un dessein formé de médire de moi, de mon discours et de mes Caractères ; et il me fit, sur cette