Aller au contenu

Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/82

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

que ce sont les méchants qui nuisent, et les bons qui font souffrir.

I0 (IV)

Le commun des hommes va de la colère à l’injure. Quelques-uns en usent autrement : ils offensent, et puis ils se fâchent ; la surprise où l’on est toujours de ce procédé ne laisse pas de place au ressentiment.

II (I)

Les hommes ne s’attachent pas assez à ne point manquer les occasions de faire plaisir : il semble que l’on n’entre dans un emploi que pour pouvoir obliger et n’en rien faire ; la chose la plus prompte et qui se présente d’abord, c’est le refus, et l’on n’accorde que par réflexion.

I2 (VIII)

Sachez précisément ce que vous pouvez attendre des hommes en général, et de chacun d’eux en particulier, et jetez-vous ensuite dans le commerce du monde.

I3 (IV)

Si la pauvreté est la mère des crimes, le défaut d’esprit en est le père.

I4 (I)

Il est difficile qu’un fort malhonnête homme ait assez d’esprit : un génie qui est droit et perçant conduit enfin à la règle, à la probité, à la vertu. Il manque du sens et de la pénétration à celui qui s’opiniâtre dans le mauvais comme dans le faux : l’on cherche en vain à le corriger par des traits de satire qui le désignent aux autres, et où il ne se reconnaît pas lui-même ; ce sont des injures dites à un sourd. Il serait désirable pour le plaisir