Page:La Bruyère - Les Caractères, Flammarion, 1880.djvu/121

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Rien ne coûte moins à la passion que de se mettre au-dessus de la raison : son grand triomphe est de l’emporter sur l’intérêt.

78 (I)

L’on est plus sociable et d’un meilleur commerce par le cœur que par l’esprit.

79 (I)

Il y a de certains grands sentiments, de certaines actions nobles et élevées, que nous devons moins à la force de notre esprit qu’à la bonté de notre naturel.

80 (I)

Il n’y a guère au monde un plus bel excès que celui de la reconnaissance.

8I (IV)

Il faut être bien dénué d’esprit, si l’amour, la malignité, la nécessité n’en font pas trouver.

82 (I)

Il y a des lieux que l’on admire : il y en a d’autres qui touchent, et où l’on aimerait à vivre.

Il me semble que l’on dépend des lieux pour l’esprit, l’humeur, la passion, le goût et les sentiments.

83 (IV)

Ceux qui font bien mériteraient seuls d’être enviés, s’il n’y avait encore un meilleur parti à prendre, qui est de faire mieux : c’est une douce vengeance contre ceux qui nous donnent cette jalousie.

84 (I)

Quelques-uns se défendent d’aimer et de faire des vers, comme de deux faibles qu’ils n’osent avouer, l’un du cœur, l’autre de l’esprit.

85 (I)

Il y a quelquefois dans le cours de la vie de si chers plaisirs et de si tendres engagements que l’on nous défend, qu’il est naturel de désirer du moins qu’ils fussent permis : de si grands charmes ne peuvent être surpassés que par celui de savoir y renoncer par vertu. De la société et de la conversation

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