conteste le premier : il ne se rend pas néanmoins, il cherche au contraire, par la gravité et par la dépense, à s’égaler à la magistrature, ou ne lui cède qu’avec peine : on l’entend dire que la noblesse de son emploi, l’indépendance de sa profession, le talent de la parole et le mérite personnel balancent au moins les sacs de mille francs que le fils du partisan ou du banquier a su payer pour son office.
6 (V)
Vous moquez-vous de rêver en carrosse, ou peut-être de vous y reposer ? Vite, prenez votre livre ou vos papiers, lisez, ne saluez qu’à peine ces gens qui passent dans leur équipage ; ils vous en croiront plus occupé ; ils diront : « Cet homme est laborieux, infatigable ; il lit, il travaille jusque dans les rues ou sur la route. » Apprenez du moindre avocat qu’il faut paraître accablé d’affaires, froncer le sourcil, et rêver à rien très profondément ; savoir à propos perdre le boire et le manger ; ne faire qu’apparoir dans sa maison, s’évanouir et se perdre comme un fantôme dans le sombre de son cabinet ; se cacher au public, éviter le théâtre, le laisser à ceux qui ne courent aucun risque à s’y montrer, qui en ont à peine le loisir, aux Gomons, aux Duhamels.
7 (IV)
Il y a un certain nombre de jeunes magistrats que les grands biens et les plaisirs ont associés à quelques-uns de ceux qu’on nomme à la cour de petits-maîtres : ils les imitent, ils se tiennent fort au-dessus de la gravité de la robe, et se croient dispensés par leur âge et par leur fortune d’être sages et modérés. Ils prennent de la cour ce qu’elle a de pire : ils s’approprient la vanité, la mollesse, l’intempérance, le libertinage, comme si tous ces vices leur étaient dus, et, affectant ainsi un caractère éloigné de celui qu’ils ont à soutenir, ils deviennent enfin, selon leurs souhaits, des copies fidèles de très méchants originaux.
8 (IV)
Un homme de robe à la ville, et le même à la cour, ce sont deux hommes. Revenu chez soi, il reprend ses mœurs, sa taille et son visage, qu’il y avait laissés : il n’est plus ni si embarrassé, ni si honnête.
9 (IV)
Les Crispins se cotisent et rassemblent dans leur famille jusques à six chevaux pour allonger un équipage, qui,