Page:La Bruyère - Les Caractères, Michallet, 1688.djvu/150

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De la Peur,
Ou du défaut de courage.



CEtte crainte est un mouvement de l’âme qui s’ébranle, ou qui cède en vue d’un péril vrai ou imaginaire ; et l’homme timide est celui dont je vais faire la peinture. S’il lui arrive d’être sur la mer, et s’il aperçoit de loin des dunes ou des promontoires, la peur lui fait croire que c’est le débris de quelques vaisseaux qui ont fait naufrage sur cette côte ; Aussi tremble-t-il au moindre flot qui s’élève, et il s’informe avec soin si tous ceux qui naviguent avec lui sont initiés[1] : s’il vient à remarquer que le Pilote fait une nouvelle manœuvre, ou semble se détourner comme

  1. Les anciens naviguaient rarement avec ceux