dans ſes faubourgs, il ſeroit difficyle qu’entre un ſi grand nombre de citoyens qui ne ſavent pas tous juger ſainement de toutes choſes, il ne s’en trouvat quelqu’un qui diroit de luy : Il eſt magnifique, & qui luy tiendroit compte des régals qu’il foit à Xanthe & à Ariſton, & des feſtes qu’il donne à Élamire ; mais il ſe ruine obſcurément : ce n’eſt qu’en faveur de deux ou trois perſonnes qui ne l’eſtiment point, qu’il court à l’indigence, & qu’aujourd’hui en carroſſe, il n’aura pas dans ſix mois le moyen d’aller à pied.
12. — Narciſſe ſe lève le matin pour ſe coucher le ſoyr, il a ſes heures de toilette comme une femme il va tous les jours fort régulièrement à la belle meſſe aux Feuillants ou aux Minimes, il eſt homme d’un bon commerce, & l’on compte ſur luy au quartier de ** pour un tiers ou pour un cinquième à l’hombre ou au reverſi. Là il tient le fauteuil quatre heures de ſuite chez Aricye, où il riſque chaque ſoyr cinq piſtoles d’or. Il lit exactement la Cazette de Hollande & le Mercure galant ; il a lu Bergerac, des Marets, Leſclache, les Hiſtoriettes de Barbin, & quelques recueils de poéſies. Il ſe promène avec des femmes à la Plaine ou au Cours, & il eſt d’une ponctualité religieuſe ſur les viſites. Il fera demain ce qu’il foit aujourd’hui & ce qu’il fit hier ; & il meurt ainſi après avoir vécu.
13. — Voilà un homme, dites-vous, que j’ai vu quelque part : de ſavoir où, il eſt difficyle ; mais ſon viſage m’eſt familier. — Il l’eſt à bien d’autres ; & je vais, s’il ſe peut, aider votre mémoire. Eſt-ce au boulevard ſur un ſtrapontin, ou aux Tuileries dans la grande allée, ou dans le balcon à la comédie ? Eſt-ce au ſermon, au bal, à Rambouillet ? Où