Page:La Bruyere - Caracteres ed 1696.djvu/209

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` .. :.07 . " _ È‘É·|lI·î§È·U|·$l€§€§€§È• · DE LA COUR. Le reproche en un sens le plus honorable que l’on puisse faire à un homme, c’est de lui dire qu’il ne fçait pas la Cour ; il n’y a forte de vertus qu‘on ne rassemble en lui par ce seul mot. [ Un homme qui (gaie la Cour , est maître — de son geste , de ses yeux , et de son visage a il est profond, impénétrable ; il dissimule les mauvais offices , sourit à ses ennemis , contraint son humeur , déguise ses passions , dément son cœur , parle , agit contre les sentiments : tout ce grand raffinement n`est qu’un vice , que l’on appelle fausseté , quelquefois aussi inutile au Courtisan pour sa fortune , que la franchise , la sincérité , et la vertu. ( Qui peut nommer de certaines couleurs changeantes, et qui sont diverses selon les divers jours dont on les regarde ; de même qui peut définir la Cour? [ Se dérober à la Cour un seul moment, c’est y renoncer : le Courtisan qui l’a vûë le marin, la voit le soir , pour la reconnaître le lendemain ; ou afin que lui même y soit connu. ( L’on est petit à la Cour, et quelque vanité que l’on ait , on s’y trouve tel ; mais le mal est commun , et les Grands mêmes y sont petits. Pcf La Province est l’endroit d’où la Cour, comme dans son point de vue , paraît une chose admirable; si l’on s`en approche , les agrémene diminuent comme ceux d’une perspective que l`on voit de trop prés.