Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/91

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et à ceux qui meurent et à ceux qui restent.

45 (V)

A parler humainement, la mort a un bel endroit, qui est de mettre fin à la vieillesse. La mort qui prévient la caducité arrive plus à propos que celle qui la termine.

46 (I)

Le regret qu’ont les hommes du mauvais emploi du temps qu’ils ont déjà vécu, ne les conduit pas toujours à faire de celui qui leur reste à vivre un meilleur usage.

47 (V)

La vie est un sommeil : les vieillards sont ceux dont le sommeil a été plus long ; ils ne commencent à se réveiller que quand il faut mourir. S’ils repassent alors sur tout le cours de leurs années, ils ne trouvent souvent ni vertus ni actions louables qui les distinguent les unes des autres ; ils confondent leurs différents âges, ils n’y voient rien qui marque assez pour mesurer le temps qu’ils ont vécu. Ils ont eu un songe confus, informe, et sans aucune suite ; ils sentent néanmoins, comme ceux qui s’éveillent, qu’ils ont dormi longtemps.

48 (IV)

Il n’y a pour l’homme que trois événements :