Page:La Bruyère - Œuvres complètes, édition 1872, tome 2.djvu/90

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38 (V)

Ce qu’il y a de certain dans la mort est un peu adouci par ce qui est incertain : c’est un indéfini dans le temps qui tient quelque chose de l’infini et de ce qu’on appelle éternité.

39 (I)

Pensons que, comme nous soupirons présentement pour la florissante jeunesse qui n’est plus et ne reviendra point, la caducité suivra, qui nous fera regretter l’âge viril où nous sommes encore, et que nous n’estimons pas assez.

40 (I)

L’on craint la vieillesse, que l’on n’est pas sûr de pouvoir atteindre.

4I (V)

L’on espère de vieillir, et l’on craint la vieillesse ; c’est-à-dire l’on aime la vie, et l’on fuit la mort.

42 (VI)

C’est plus tôt fait de céder à la nature et de craindre la mort, que de faire de continuels efforts, s’armer de raisons et de réflexions, et être continuellement aux prises avec soi-même pour ne la pas craindre.

43 (V)

Si de tous les hommes les uns mouraient, les autres non, ce serait une désolante affliction que de mourir.

44 (V)

Une longue maladie semble être placée entre la vie et la mort, afin que la mort même devienne un soulagement