Page:La Bulgarie au lendemain d'une crise, 1895.djvu/23

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n’a fait qu’enlever la dernière passerelle qui reliait encore les bords de cet abîme déjà creusé. À Saint-Pétersbourg on a toujours prétendu que le prince Alexandre, en ratifiant l’Union, — car le putsch de Philippopoli ne fut pas son œuvre, — s’était rendu coupable de la plus noire ingratitude envers la Russie et avait, de propos délibéré, servi d’instrument aux puissances qui travaillaient à détruire le prestige russe dans la presqu’île des Balkans. Qu’on regarde ou non cette accusation comme fondée, il n’en est pas moins certain qu’elle n’a pu avoir qu’une influence bien légère sur les progrès de l’évolution bulgare vers l’autonomie. Il y a des prédispositions psychologiques qu’un seul fait, pour important et significatif qu’il soit, ne suffit pas à créer ni à détruire complètement. Ce sont ces infinitésimales politiques qui pour être devinées et maniées exigent la science la plus consommée de l’homme d’État.

On trouvera mentionnés dans les annales du jeune État bulgare des faits accidentels, de peu d’importance à première vue, qui prouvent que, dès l’origine, il exista entre Russes et Bulgares un antagonisme aigu dont il faut chercher la source ailleurs que dans l’ambition politique des uns et la défiance politique des autres. « Nous ne voulons