Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/410

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
278
[1216]
croisade contre les albigeois.

vous pardonnerez vos torts réciproques. Vous livrerez à leur merci nous, vous, la ville ; vous leur rendrez leurs fiefs et leurs terres, vous confirmerez leurs bonnes coutumes et leurs droits ; [5385] s’ils vous demandent davantage, vous leur donnerez davantage. Vous vous abstiendrez de leur imposer aucune taille, de les contraindre en quoi que ce soit. Cela fait, vous leur exposerez les dommages que vous avez subis, et l’argent qu’ils vous donneront, vous le prendrez de bonne grâce ; car mieux vaut petit avoir qu’on ne vous fait pas payer, [5390] que grand amas qui devient ensuite une cause de soupirs. Et si vous m’en voulez croire, c’est ainsi que vous conquerrez Toulouse. — Sire comte, » dit Alain, « vous croirez le comte Gui ; et si vous le voulez croire, sachez que vous ne ferez pas fausse route. Ils se comportent noblement, vous devrez donc les honorer. [5395] S’ils trouvent [en vous] des sentiments de merci, vous les trouverez plus forts encore [chez eux], et les déshériter ne vous servirait de rien. — Par Dieu ! sire comte, » dit Foulcaut[1], « nous verrons cette fois si vous êtes preux et sage, ou si vous ferez folie, car si vous détruisez Toulouse, vous ne saurez vous élever si haut [5400] que Dieu, l’honneur et le monde ne vous puissent abaisser. — Barons, » dit Lucas[2], « avec vos mau-

  1. F. de Berzi ? voy. p. 218, note 7 ; ou F. de Merli ? voy. p. 134, n. 2.
  2. Lucas est témoin à un acte de Simon de Montfort, Nîmes, 25 août 1216 (Molinier, Catal. n° 131). P.-ê. faut-il l’identifier avec un certain Lucas fils de Jean, que Simon de Montfort chargea, peu après le siége de Beaucaire, d’une négociation avec le