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[1209]
croisade contre les albigeois.

prient d’un commun accord de prendre toute la vicomte, et les autres terres de la gent mécréante. [810] « Sire, » dit l’abbé, « pour Dieu le tout puissant, recevez la terre dont on vous fait présent ; car Dieu et le pape vous la garantiront, et nous après eux, et tous les autres ; et nous vous aiderons toute votre vie. — [815] Ainsi ferai-je, » dit le comte, « à cette condition que les princes ici présents me feront serment, qu’en cas de besoin, pour ma défense, ils viendront tous me secourir à mon appel. — Nous vous l’accordons, » disent tous, « loyalement. » [820] Sur ce, sans plus tarder, il reçut résolument la terre et le pays.

XXXVI.

Quand le comte de Montfort fut installé dans la terre, qu’on lui eut donné Carcassonne et tout le pays, il fut très-embarrassé et tout pensif, [825] car peu de ses amis consentent à rester avec lui. Le plus grand nombre veut retourner vers Paris. Les montagnes sont sauvages et les passages étroits, et ils ne veulent pas être occis dans le pays. Pourtant il en resta je ne sais si ce fut neuf ou dix [830] des plus hauts barons et des plus puissants. Avec lui resta Simon surnommé de Saissi[1],

  1. On ne trouve la trace d’aucun Simon de Saissi dans les documents du temps. Il y a donc lieu de croire que la leçon est corrompue. On pourrait proposer avec vraisemblance « Simon de Poissi » qui est témoin en sept. 1201 à un acte passé entre Simon de Montfort et l’abbé de S. Antonin près Pamiers (Vaissète, III, pr. 217 ; n° 30 du Catalogue de M. Molinier), sans doute le même qui est appelé « Symon de Passi » dans un acte du 24 novembre 1209 (Vaissète, III, pr. 218 ; Molinier, nos 35 et 36). Il y a eu plusieurs Simon de Poissi. De celui qui était à la croisade