Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/23

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introduction, § iii.

témoin oculaire des événements qu’il raconte, et pour ceux auxquels il n’assista pas, nous savons qu’il sut se renseigner auprès de ceux qui eurent la plus grande part à la direction de la croisade, entre lesquels il nomme le légat Arnaut Amalric, les évêques de Toulouse et de Béziers, maître Thédise, chanoine de Gênes, qui fut quelque temps associé au légat Milon.

Pierre de Vaux-Cernai est un fanatique, et ses tendances non dissimulées ont fait tort dans l’esprit des modernes à ses qualités d’historien. Il est rare qu’on le cite sans lui reprocher sa partialité pour Simon, son parti pris de tout approuver chez les croisés, de tout blâmer chez ses adversaires, sa haine irréfléchie autant que vigoureuse, non-seulement des hérétiques, mais de Toulouse, du comte Raimon et de ses adhérents, et de ceux encore qui se montrent partisans tièdes ou modérés de la croisade. Par suite, on n’a pas toujours accordé à son témoignage l’autorité prépondérante qui lui est due. Il est pourtant aisé de faire le départ entre les appréciations que Pierre de Vaux-Cernai nous donne libéralement sur les hommes et sur les choses, et dont naturellement la critique sait le compte qu’elle doit tenir, et les récits clairs et circonstanciés qu’il fait des événements. Nous n’en sommes plus réduits à former notre opinion sur celle des contemporains, surtout lorsqu’il s’agit de l’histoire d’un temps où, à bien peu d’exceptions près, la portée d’esprit chez les écrivains est celle d’un enfant. Nous pouvons recueillir les impressions des témoins, les étudier en tant que documents pour l’histoire des idées, mais nous ne les partageons qu’autant que nous y sommes amenés d’ailleurs par l’étude des faits.

Pierre de Vaux-Cernai ne peut nommer Toulouse sans s’interrompre pour dire Tolosa, imo dolosa ! pour lui, le