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croisade contre les albigeois.

une grande lieue[1] ; mais des compagnons qu’il avait je ne m’en étonne pas. Ceux que Dieu puisse maudire[2] leur enlevèrent tout le convoi. Mais en ceci ils firent, eu égard à leur intérêt, grande folie : [2155] ils dépouillèrent le champ de bataille[3] jusqu’à la fin[4]. Chacun, avec ce qu’il avait pris, s’enfuit au plus tôt. Le bon mulet amblant qu’avait Nicolas, les routiers l’emmenèrent avec son garçon ce jour-là, mais il s’échappa avec les autres clercs. [2160] J’en fus bien aise pour lui, Dieu me bénisse ! car il est très-fort mon ami et mon compère, maître Nicolas.

XCIX.

Les Français éperonnent, tout doucement et lentement, les heaumes baissés et penchés vers la terre. [2165] Ne croyez pas qu’ils fuient ni qu’ils reculent : de bien frapper de grands coups ils ne sont pas chiches. La place est belle et longue et la campagne est rase ; de part et d’autre il en mourait des maigres et des gras[5], ainsi que le me rapporta maître Nicolas. [2170] Ceux de l’ost les regardent[6], qui ensuite en ont grand effroi, car ils furent vaincus.

  1. P. de V.-C. dit au contraire que l’évêque de Cahors ramena par de durs reproches Martin Algai au combat (ch. LVII, Bouq. 55 a).
  2. Les routiers ; cf. 2191.
  3. Le champ de bataille, c’est-à-dire les morts, et non le camp, ainsi que Fauriel traduit à tort ; voir au t. I, v. 2154, la leçon de la réd. en pr.
  4. Jusqu’à ce qu’il ne restât plus rien à prendre.
  5. Tout le monde, comme plus haut (p. 21) les « jeunes et les chenus ».
  6. Los esgardan ; pourquoi les regardent-ils ? je préférerais « les poursuivent » (los encausan).