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croisade contre les albigeois.

Catus, où ils avaient pris logement[1], s’était rendu au comte Baudouin et à notre croisade[2]. L’ost s’est concentrée à Penne d’Agenais ; le lendemain à la dînée ils arrivèrent à Moncuc, et le jour suivant à Moissac, à tierce sonnée[3]. [2470] Les routiers sont dedans, en grande compagnie, entrés dès la veille au soir.

CXVII.

Les bourgeois de Moissac virent l’ost se loger le long du Tarn, autour d’eux, sur la grève. Certes, ce n’est pas merveille s’ils furent en émoi. [2475] Ils ne demanderaient pas mieux que de traiter, ne fussent les routiers ; ils savent bien qu’à la longue ils ne pourront plus tenir. Ils pourraient bien s’échapper par les vignes, sans se soucier de leur raisin qui est prêt pour la vendange. Trois d’entre eux le firent, [2480] qui du reste ne perdirent pas la valeur d’un denier, mais, ce qui doit arriver, l’homme n’y peut rien changer[4]. Ceux de Castel-Sarrazin surent se tirer d’affaire[5] en gens sages qu’ils sont, loyaux et droituriers, et de façon à

  1. Ou encore, d’après la correction proposée en note : « où l’ost avait pris logement ».
  2. Castus (et non Cascus), au v. 2465, est le même que le Catus du v. 2463. P. de V.-C. ne mentionne pas ce lieu : il se borne à dire, sans désignation spéciale, que plusieurs châteaux des environs de Cahors furent abandonnés par les routiers et les ennemis de la foi qui les occupaient (Bouq. 66 c).
  3. C’est un chemin bien peu direct : Penne, Moncuc et Moissac sont à peu près à égale distance ; passer par Moncuc, c’était doubler le trajet. Selon P. de V.-C. (Bouq. 66 c) les croisés arrivèrent devant Moissac la veille de l’Assomption (14 août).
  4. Le Roux de Lincy, Livre des proverbes, II, 259.
  5. Cf. P. de V.-C., ch. LXIII (Bouq. 68 a).