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introduction, § iv.

liques et hérétiques (1207), il le tient de l’un des arbitres du débat, un certain Bernart de Villeneuve. Le récit de la bataille de Muret lui avait été fait par le jeune comte de Toulouse, témoin oculaire[1], et pour certaines circonstances qui précédèrent la bataille et font connaître les dispositions d’esprit où était Simon, il avait puisé dans les souvenirs de l’abbé de Pamiers qui s’était trouvé en rapport personnel avec le chef militaire de la croisade[2]. L’évêque de Toulouse Folquet (1205-1231), qui prit une part prépondérante à tous les actes importants de la croisade, lui fournit de précieux renseignements[3], et sur Folquet lui-même et ses rapports avec ses diocésains, Guillaume avait pu recueillir une curieuse anecdote[4] de la bouche de l’un des conseillers de Raimon VI, le sénéchal Raimon de Ricaud qui est mentionné dans le poème[5]. Il avait eu des relations dans les deux partis, et sut profiter des unes et des autres.

À ces relations, à sa qualité de chapelain de Raimon VII, au laps du temps qui s’était écoulé depuis la croisade jusqu’au moment où il écrivait, doit être attribuée la modération dont il fait preuve dans le récit des événements. Cette modération — qui du reste n’ajoute rien à la valeur du récit — ne se manifeste nullement par l’appréciation des motifs de la guerre ou des moyens de répression employés contre les hérétiques, mais seulement par le blâme que l’auteur inflige à ceux des croisés qui voyaient dans la guerre sainte une occasion de profit personnel. Ainsi, parlant du revirement

  1. Ch. XXII.
  2. Ch. XXI.
  3. Ch. VII, VIII, XXX ; voir notamment sur les négociations avec Philippe-Auguste, ch. XXXIV ; sur le siége de Toulouse en 1227, ch. XXXVIII.
  4. Ch. XXV.
  5. Voy. II, 47, n. 1.