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croisade contre les albigeois.

dresser les pierrières, faire une chatte et bâtir un bosson [2545] qui nuit et jour bat le mur qui environne la ville. Ceux de Moissac sont marris et félons. Un jour ils s’armèrent tous sans bruit, à la dérobée, et se lancent sur l’ost au galop. Ils pensent brûler la chatte, et y apportent force tisons. [2550] « Aux armes ! » s’écrient Français et Bourguignons. Du campement s’élancent Poitevins et Gascons[1], Flamands et Lorrains, Normands et Bretons ; vêtus de hauberts et de bonnes cottes d’armes, par-dessus des pourpoints et des cisclatons[2]. [2555] Et le comte de Montfort vint éperonnant par le gravier, portant des enseignes[3] et un écu orné d’un lion. On lui tue son cheval au sortir d’un petit bois. Il eût été pris cette fois, sans Guillaume de Contre (que Dieu bénisse !), [2560] et messire Morel qui était son compagnon, un cavalier de belle mine, preux, courtois, hardi, bel et bon. À la rescousse arrivent éperonnant P. de Livron et Foucaut de Merli avec le comte Gui [de Montfort]. [2565] Ils vinrent rangés en bataille d’un tel élan qu’ils délivrèrent le comte, que [les défenseurs de Moissac] le voulussent ou non. Le comte fut un peu blessé par derrière au talon[4]. Le neveu de

  1. « Poitevins et Gascons » sont une sorte de formule qui arrive ici pour la rime, car il ne devait pas y avoir beaucoup ni des uns ni des autres dans l’ost des croisés.
  2. C’est un vêtement de soie, mais on ignore l’origine, et par suite le sens précis de ce mot.
  3. Des marques distinctives pour se faire reconnaître.
  4. J’adopte la traduction de Fauriel : je suis porté à croire que tendon qui ne figure pas dans Raynouard et dont on n’a pas d’ex. ancien en français (voy. Littré) est fautif. Rien dans la réd. en prose.