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croisade contre les albigeois.

pas novice. Il prend les Capitouls à part et leur dit tout bas que Gui de Montfort vient, le mauvais et le cruel, qu’il est à Avignonet[1], et vient au plus vite, [2875] et se propose de leur livrer bataille, s’il les atteint. Là-dessus les trompes sonnent la retraite, « car (disent-ils) nous nous sommes bien vengés de nos ennemis. » Ils entrent tous à Toulouse allègres et joyeux de leur succès.

CXXXV.

[2880] De leur succès ils ont au cœur grand contentement, tous ceux de Toulouse et leurs auxiliaires. Gui de Montfort, lorsque la rumeur lui apprit que les Français sont morts, en eut au cœur grande tristesse, et ne put s’empêcher de verser des larmes. [2885] Il pleure, s’afflige et manifeste une grande douleur pour la honte et l’affront qu’il a reçus. Laissons-les, et parlons d’autre chose. Le bon roi d’Aragon, monté sur son destrier, est venu à Muret et y plante l’oriflamme, [2890] et assiége la ville avec maints puissants vavasseurs qu’il a

    hostes fidei quod comes noster pergeret cum filio suo in Vasconiam, episcopi vero et qui cum ipsis erant peregrini reverterentur ad propria, nacta occasione securitatis, egressi a Tolosa cum exercitu magno, obsiderunt milites quondam de nostris, scilicet Petrum de Sissi, Simonem de Sesnes, Rogerum de Sartis, et alios paucos qui, sicut diximus superius, munitionem quandam satis debilem et immunitam tenebant prope Tolosam. » Selon P. de V.-C., qui sur ce point est en désaccord avec le poëme, la place ne fut pas prise de vive force, mais les assiégés capitulèrent à condition d’avoir la vie sauve. Conduits à Toulouse ils auraient été massacrés. Simon de Montfort qui s’était mis en marche pour venir à leur secours arriva trop tard.

  1. Voy. ci-dessus, p. 110, n. 3.