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croisade contre les albigeois.

CXLII.

[3140] Le fils du roi de France fut très-bien accueilli, désiré et fêté par son père et par les autres. Il est venu en France sur son cheval arabe, et conte à son père comme Simon de Montfort a su se pousser et s’enrichir. [3145] Le roi ne répond mot et ne dit rien[1]. Moi, je crois que pour cette terre périront Simon et son frère Gui, si habiles qu’ils soient. — Maintenant, revenons au preux comte qui s’en est allé banni[2]. Par terre et par mer grandes ont été ses peines, [3150] mais néanmoins Dieu et le Saint-Esprit ont fait pour lui tant de miracles qu’il est arrivé à bon port : lui et son jeune fils, sans cortège, sont entrés en Rome, se félicitant mutuellement et se souhaitant l’un à l’autre l’aide de Dieu. [3155] Là est le comte de Foix, qui

  1. Ce trait est au moins dans la vraisemblance. Philippe-Auguste ne pouvait voir avec satisfaction adjuger au sire de Montfort les terres du comte de Toulouse. Nous avons en effet de lui une lettre au pape, écrite en réponse à la notification de l’assassinat de Pierre de Castelnau, où il fait d’avance valoir ses droits sur le comté de Toulouse, ou le cas où Raimon VI serait dépossédé de ses terres pour crime d’hérésie (Delisle, Catal. des actes de Ph.-Aug. n° 1085, et appendice, p. 512-3). P. de V.-C. le blâme de s’être tenu à l’écart, bien qu’il eût été souvent requis d’y prendre part (Bouq. 102 a b). L’une des expressions dont se sert l’historien « ipse vero non apposuerat consilium » se retrouve dans la lettre précitée du roi.
  2. Voy. page 167, note 2. — Le poète passe sous silence diverses circonstances importantes, telles que la chevauchée de Simon dans le comté de Foix (P. de V.-C. fin du ch. LXXIV) et sa course à travers le Languedoc, et jusqu’à Romans (P. de V.-C. ch. LXXV).