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croisade contre les albigeois.

et le pape ordonna qu’il fût réconcilié [avec l’Église] : car onques ne naquit plus aimable jeune homme : il est adroit, sage, de noble contenance [3175] et du meilleur lignage qui soit ni qui fût, [car il appartient aux maisons] de France[1], d’Angleterre[2] et du comte Alphonse[3]. Là aussi fut le comte de Foix, avenant et preux. Ils se jettent aux pieds du pape pour recouvrer les terres qui appartinrent à leurs pères. [3180] Le pape regarde l’enfant et sa contenance, il connaît la noblesse de son lignage et sait les torts de l’Église et des clercs malveillants : de tristesse et de pitié il en a le cœur si affecté qu’il en soupire et pleure de ses yeux. [3185] Là rien ne valurent au comte ni droit, ni foi, ni raison. — Cependant le pape, sage et habile, en présence de toute la cour et des barons, montre par des textes et par loyales paroles que le comte de Toulouse ne tombe sous le coup d’aucune accusation [3190] qui doive lui faire perdre sa terre, ni le faire passer pour mécréant ; qu’au contraire il le tient pour catholique en faits et en paroles. Mais qu’en raison de l’accord existant entre eux deux[4] et par crainte du clergé qu’il redoute, il lui enleva sa terre, la prit en son pouvoir [3195], et voulut que Simon la tînt en

    filius ejus Tolosanus, qui de Anglia venit cum quodam mercatore sub specie servientis. »

  1. Par sa grand’mère Constance, fille de Louis le Gros, épouse de Raimond V.
  2. Par sa mère Jeanne D’Angleterre.
  3. Alphonse Jourdain (✝ 1148), son bisaïeul.
  4. Qui sont ces deux ? le pape et le comte de Toulouse, selon la construction grammaticale (et c’est ainsi qu’entend Fauriel), mais le sens s’accommoderait mieux de Simon, nommé deux lignes plus bas.