été bâti pour un autre motif que pour les défendre, et il les y a admis. Sa sœur[1] est devenue hérétique à la mort de son mari, et séjourna depuis lors plus de trois ans à Pamiers. Avec sa mauvaise doctrine elle a fait nombre de conversions. [3265] Et tes pèlerins, serviteurs de Dieu, qui chassaient les hérétiques, les routiers, les faiditz, il en a tant tués, mutilés, mis en pièces, que le champ de Montgei[2] en est resté tout hérissé, que France en pleure encore et que tu en es honni. [3270] Là dehors, à la porte, quelle douleur, quel cri, des aveugles, des bannis, des mutilés ( ?) qui ne peuvent plus marcher sans qu’on les guide ! Celui qui les a tués, mutilés, estropiés, ne doit plus tenir terre : voilà ce qu’il mérite. » [3275] Arnaut de Villemur s’est levé ; il fut regardé de tous, et attentivement écouté : aussi parlait-il bien et sans peur : « Seigneurs, si j’avais su que ce méfait dût être mis en avant, et qu’en la cour de Rome on dût en faire tant de bruit, [3280] il y en aurait davantage, je vous assure, sans yeux et sans narines ! — Par Dieu ! » se dit-on l’un à l’autre, « celui-là est fol et hardi ! — Sire, » dit le comte [de Foix], « je proteste en faveur de mon grand droit, de ma loyale droiture, de mes sincères
- ↑ Raimon Rogier eut deux sœurs, l’une et l’autre hérétiques, selon P. de V.-C. (ch. VI). L’une, Esclarmonde, fut témoin, en 1198, à une donation faite par son frère à Boulbonne (Gall. Christ. XIII, 234 b ; cf. Vaissète, III, 109). Elle avait épousé Jordan II, seigneur de l’Isle, qui mourut après 1200 (Vaissète, III, 74, 112, 601). Elle était mère de Bernart Jordan, sur lequel voy. ci-dessus p. 147, note 1. C’est probablement d’elle qu’il s’agit ici. Sa sœur, dont on ignore le nom, avait épousé Rogier de Comminges, vicomte de Couserans (Vaissète, III, 74).
- ↑ Voy. ci-dessus, p. 87, n. 3.