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croisade contre les albigeois.

condamne ni le juge, quelle bouche oserait prononcer sa perte, le condamner à vivre des secours d’autrui ? [3540] Sera-t-il donc à ce point abandonné de Dieu, de raison, de merci, lui qui devrait donner, qu’il lui faudra recevoir[1] ? Car celui qui va de maison en maison pour obtenir les secours d’autrui, mieux lui vaudrait la mort, ou qu’il ne fût pas né. » De toutes parts les assistants lui disent : « Sire, ne craignez point ; [3545] que le père et le fils aillent à leur destinée, et adjugez le pays au comte Simon, et qu’il tienne la terre !

CL.

« Que Simon tienne la terre et la gouverne ! — Barons, » dit le pape, « puisque je ne puis la lui enlever, [3550] qu’il la garde bien, s’il peut, et ne se la laisse pas rogner, car jamais, de mon vouloir, il ne sera prêché pour venir à son secours. » Alors l’archevêque d’Obezin[2] prend la parole : « Sire, puis-

  1. Cf. p. 194, n. 2, et v. 3625 et 3710. N’avoir rien à donner était, dans les idées du moyen âge, le dernier degré de l’abaissement. Déjà dans Boëce (v. 89) :

    Non ai que prenga ne no posg re donar.

  2. « L’archevêque Obicin », Fauriel, traduction, « l’archevêque d’Obicin », le même, table. Il est superflu de faire remarquer qu’il n’existe pas d’archevêché de ce nom. La réd. en pr. porte « l’evesque d’Osma », ce qui ne saurait convenir à la mesure du vers. Nous avons la liste des personnes qui furent convoquées au Concile de Latran (Innoc. epist. l. XVI, ep. XXX), mais aucun des noms qui y figurent ne me met sur la voie de la correction. Le nom le moins improbable est p.-ê. Embrun, Ebreun dans Girart de Roussillon, ms. d’Oxford fol. 27 v°, ms. de Paris fol. 14 (v. 973 de l’édition de M. Hofmann, qui commet la faute d’imprimer E