Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/342

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
210
[1216]
croisade contre les albigeois.

la flottille, et si vous leur[1] enlevez l’eau, vous pourrez les réduire à la dernière extrémité. Qu’il n’y reste (dans le château) mur ni porte ni paroi ; [3895] et s’ils cherchent à se défendre, point de quartier pour eux ! Ainsi, de gré ou de force, vous êtes sûr de les prendre. » Les barons répondent : « Vos conseils seront suivis. — Sire, » dit le jeune comte, « puisque vous allez en Espagne, vous ferez valoir vos droits auprès des rois et des comtes, [3900] qui devront se montrer sensibles à votre spoliation. Vous vous plaindrez hautement de la cour de Rome, de ce que Dieu ni foi ni considération ni loi ne vous viennent en aide. De tous vos actes, de toutes vos paroles, de tous vos desseins tenez-moi informé ; [3905] vous manderez [aussi] message droit à Toulouse, là où bien souvent on soupire pour vous et pour moi. Ils sont si preux (les Toulousains) que vous les recouvrerez un jour, et avec eux réparerez toute votre perte. — Raimon, » dit le comte, « c’est maintenant que vous allez connaître [3910] qui vous veut du bien et qui vous aime ; et nous verrons ce que vous ferez. » Là-dessus le comte prend congé et s’en va en toute hâte là-bas droit en Espagne, au chaud et au froid. Cependant le jeune comte expédie ses lettres scellées, afin que tous ses amis viennent en secret et sans bruit [3915] au siége de Beaucaire.

    trefois baignée par le fleuve, qui depuis a porté son cours un peu plus à l’est. Maintenant un terrain d’alluvion, ayant environ de deux à trois cents mètres de largeur, s’étend entre la roche où est situé le château, et le fleuve. C’est le champ de foire.

  1. Aux défenseurs du château.