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croisade contre les albigeois.

[les Toulousains], [5240] qui crurent trouver le salut dans ses conseils et se laissèrent endoctriner par lui. Le matin, à l’aube, lorsque le jour parut, l’évêque les convoqua hors la ville, à Villeneuve[1], dès l’aube du jour.

CLXXIV.

[5215] Dès l’aube du jour, quand parut la clarté, dans la maison commune se réunirent en grand nombre les notables de la ville, hommes riches et honorés, les chevaliers, les bourgeois, les gens du commun. Et quand ils furent ensemble et que le silence se fut établi, [5220] l’abbé de Saint-Sernin leur a le premier adressé la parole, ayant à ses côtés le prieur, le prévôt et maître Robert, un sage légiste : « Seigneurs barons, » dit l’abbé, « Dieu, vraie Trinité, et la vierge Marie de qui il naquit [5225] et monseigneur l’évêque nous ont envoyés ici. L’évêque est triste, marri, dolent et chagrin de voir la ville en si mauvaise passe ; et puisque de part et d’autre le carnage est commencé, veuille le Saint Esprit intervenir avec sa clarté, [5230] et entre vous et le comte mettre l’amitié et la paix, en sorte que personne ne soit perdu ni trompé ! Et si vous y consentez, s’il vous plaît et agrée, votre accord est traité et convenu ; car monseigneur l’évêque a tant parlé pour vous [5235] que lui et charité sont venus à bout du

  1. Où se trouvait la Maison commune, appelée, depuis le xvie siècle, le Capitole ; voy. Du Mège, Hist. des instit. de Toulouse, I, 237 et 328, et IV, 586-7. La rue Lafayette, qui longe le Capitole, s’appelait autrefois rue Villeneuve.