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croisade contre les albigeois.

Jésus, le père rédempteur, de nous donner auprès du pape un avocat par qui nous puissions avoir paix et amour avec la sainte Église. Du mal et du bien qu’il y a entre nous et nos adversaires, nous nous en remettrons à la connaissance et au jugement de Jésus-Christ. » [6770] Les plus notables barons approuvèrent ce conseil. Le puissant comte de Foix, au teint frais, prit la parole après le comte [de Toulouse], et dit : « Barons toulousains, écoutez mes paroles : vous devez avoir grande joie, car tous vos ancêtres [6775] ont été bons et loyaux envers Dieu et leur seigneur. Vous avez honoré vous-mêmes et eux, en faisant récemment épanouir une fleur qui fait resplendir l’obscurité et paraître la clarté. Vous avez ramené à la lumière Prix et Parage, [6780] qui s’en allaient errant sans but par le monde. Eh bien ! vous qui êtes vaillants, vous qui avez souffert, s’il existe parmi vous un arbre mauvais, déracinez-le et jetez-le au loin. Vous entendez bien où tend cette parole : [6785] à ce qu’il n’y ait jamais entre vous faux visage ni traître. Et puisque le comte Simon nous menace et nous harcèle de ses coureurs, vous avez besoin de chevaliers, et il vous en faut chercher au dehors, avec qui nous puissions anéantir l’orgueilleuse attaque qui nous menace[1]. » Dalmatz de Creixell dit : « À bon entendeur [6790] on doit donner de bons conseils, afin qu’il en choisisse le meilleur. Maintenant que Dieu nous a rendu notre chef

  1. Le but de ce discours, s’il y a lieu, ce qui n’est pas sûr, de serrer de près ces paroles un peu vagues, est de montrer aux Toulousains qu’ils ne peuvent se passer du secours des chevaliers du dehors, et par conséquent de prévenir des jalousies intestines.