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croisade contre les albigeois.

coups férus, [7010] que ceux de la ville trébuchent et tombent les uns après les autres ; nombre d’entre eux tombèrent dans l’eau tout habillés. Les Français ont fait une attaque si furieuse qu’ils ont passé le fossé et l’eau. Cependant ceux de la ville, grands et petits, s’écrient : [7015] « Sainte Marie, sauve-nous, que nous ne soyons pas anéantis ! » Rogier Bernart éperonne et vient défendre le passage ; il résiste énergiquement et rétablit le combat. De leur côté, les hommes de la ville et les bannis réunis ensemble, [7020] chevaliers, bourgeois et hardis sergents, supportent l’effort de l’attaque. De part et d’autre ils se sont frappés de telle sorte que le Château, la ville et le champ en retentissent. Mais les dards et les lances, les épieux acérés, [7025] les masses fourbies, les écus brunis, les haches aiguisées et les aciers trempés, les pierres, les carreaux fourbis, les lames et les flèches, les moellons préparés d’avance, tombent si serrés des deux parts [7030] que les hauberts et les heaumes sont brisés et fendus. À force de résister et de frapper, ils (ceux de la ville) les ont tellement pressés[1] qu’ils les ramènent battant, et les repoussent en désordre, tombant abattus et blessés dans le fossé. [7035] Se défendant et battant en retraite, les barons [croisés][2] sortent de la ville, et leurs chevaux sont ensevelis sous la glace. Insignes et couvertures, bons chevaux arabes, garnements doubles, écus peints à

  1. D’après la correction proposée au v. 7031 ; on pourrait aussi supposer une lacune entre vencen et adaptit.
  2. Li baro, 7035 ; Fauriel entend les barons de Toulouse. Le texte est ici fort confus. Je ne cherche pas à traduire exactement les vers 7034-5.