Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/534

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
402
[1218]
croisade contre les albigeois.

mence la lutte[1]. D’épées, de masses, de fers meurtriers on se frappe aussitôt de part et d’autre ; pierres, dards, flèches, viennent si dru que se brisent les boucles [des écus], les cristaux [des heaumes], les orfrois, [8010] les écus, les selles, les poitraux, les freins. Ceux de la ville les ont tellement attaqués qu’ils les mènent battant, vaincus et maltraités, tombant dans l’eau par deux et par trois ; et là ils abattirent Raoulin le Champenois. [8015] Qui sait nager nage, qui ne le sait est mort. Chapeaux, dards, lances, gonfanons, freins, dérivent au fil de l’eau, saisis par l’onde. Quand la mêlée se sépara il en resta d’étendus.

Les Français reviennent pleins de dépit. [8020] Et le comte de Montfort les prend durement à partie : « Seigneurs, vous méritez bien qu’on vous donne chevaux et palefrois. Nous devons tous être dans la joie, en voyant votre succès sur les Toulousains, et comme vous les avez vaincus et pris ! Loin de là, ils sont si preux et courtois [8025] que vous leur avez laissé des prisonniers[2] et des effets d’équipe-

  1. L’opération n’est pas expliquée d’une manière très-claire. On voit ici les Français passer l’eau pour aller de la rive gauche où ils étaient sur la rive droite, et on vient de voir les Toulousains en faire autant de leur côté en partant de Toulouse, sur la rive droite, de sorte qu’il paraît y avoir eu un chassé-croisé par suite duquel on ne voit pas à quel endroit les deux partis ont pu se rencontrer. Mais si on considère que l’objectif des Toulousains était la tour que les Français venaient d’abandonner, on est amené à croire que la rencontre a dû avoir lieu dans le fleuve même, dont les eaux étaient sans doute très-basses à ce moment.
  2. Traduit d’après la correction proposée à la note (v. 8025). M. Chabaneau (Rev. des langues rom. 2, I, 362) entend pretz, ici et v. 8042, au sens d’ « argent ».