Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/550

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
418
[1218]
croisade contre les albigeois.

tué vos chevaliers, vos mainadiers[1], les meilleurs soudoyers, et là sont morts Guillaume et Thomas et Garnier, [8405] et Simon du Caire ; Gautier a été blessé. Pierre de Voisins, Aimon[2], Rainier[3] font tête à l’attaque et défendent les targes[4]. Et pour peu que l’embarras où nous sommes et la tuerie durent encore, jamais vous ne serez maître de cette terre. » [8410] Le comte tremble et soupire ; il devient triste et sombre, et dit : « Au sacrifice ! Jésus droiturier, donnez-moi aujourd’hui la mort corporelle ou la victoire[5] ! » Et ensuite il fait dire aux mainadiers, aux barons français et à ses soudoyers [8415] d’accourir ensemble sur les coursiers arabes. Il en arrive bien soixante mille[6], et le comte galope à leur tête, avec Sicart de Montaut et son porte-fanion, et Jean de Berzi, Foucaut, Riquier, [8420] et derrière eux la grande masse des pèlerins. Les cris, les trompes, les cors, les hérauts, le ravage des frondes, les coups des pierriers, semblent vent, orage, tonnerre, tempête, si bien que la ville et la grève en tremblent. [8425] Ceux de Toulouse furent saisis d’un tel effroi, que maints d’entre eux en tombèrent dans les fossés...[7].

  1. Mainadas ne désigne pas ici les hommes de la mesnie d’un seigneur, mais des hommes (en général chevaliers) loués, comme l’espagnol mesnadero.
  2. Aimon de Corneil, v. 4555 ?
  3. Cf. p. 395 n. 1.
  4. Voy. p. 382 n. 4, et cf. v. 1790-2.
  5. Cf. ci-dessus v. 7295-7 et 8232-3.
  6. Ce chiffre, dont l’exagération n’a pas besoin d’être démontrée, n’est point le résultat d’une erreur de copiste : la rédaction en prose le donne aussi.
  7. Vianders, voy. le vocabulaire.