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croisade contre les albigeois.

dra les dés. [9035] Nous voyons nos ennemis si près que nous pouvons leur faire payer cher nos terres. Et vous pouvez bien connaître à quel point Dieu les a pris en haine, puisqu’il nous les a amenés pour être mis à mort et à martyre. — Sire comte, » dit Arnaut de Villemur, « un mot : [9040] en cette bataille il n’y a point pour vous d’honneur à gagner. Il ne convient pas qu’un homme de votre rang combatte avec eux, dès qu’Amauri n’y est pas, ni comte ni grand personnage. Foucaut est preux et sage, mais il n’est pas homme d’assez haute condition pour que vous risquiez votre personne en cette affaire. [9045] Dussiez-vous le prendre que vous y gagneriez peu, car de lui vous ne sauriez obtenir terre, accord ni paix. Pourtant si la bataille vous tente, vous me trouverez à vos côtés, à droite ou à gauche. — Arnaut, » dit le comte, « pourquoi me sermonner ? [9050] En ce jour je me battrai, et je vous prie de faire de même, car celui qui me fera défaut en portera le reproche à tout jamais. Car tout homme, quel qu’il soit, fût-il roi couronné, doit risquer sa personne et sa puissance pour détruire ses ennemis jusqu’à ce qu’il les ait abaissés. [9055] Et travaillons à relever le pays ! » Le comte de Foix dit : « Seigneur comte, donnez-moi la première ligne, celle qui aura le plus à faire. » Et le comte répond : « Vous et Rogier Bernart avec ceux de Carcassais, que je sais bons aux armes [9060] et guerriers vaillants et audacieux, avec ceux aussi de votre terre, en qui vous avez le plus de confiance, et avec votre propre compagnie, telle que vous l’avez, vous les attaque-