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introduction, § ix.

temps de la croisade et où figurent un très grand nombre de Toulousains ; nous avons les listes assez complètes des capitouls au même temps[1], et parmi tant de noms que nous offrent ces divers documents, il n’en est, je crois, aucun, sauf Aimeric et maître Bernart, qui se retrouve dans le poème. Il est à croire qu’il en serait autrement si l’auteur avait été lui-même citoyen de Toulouse. On verra plus loin (§ XII) qu’il était plus probablement originaire du comté de Foix.

J’ai dit que le second poème devait avoir été composé dans les derniers mois de 1218 et les premiers de 1219. Pour préciser davantage je dirai que le poète a dû se mettre à l’œuvre après la mort de Simon de Montfort, tué devant Toulouse le 25 juin 1218, et s’arrêter au temps où la croisade conduite par le fils du roi de France assiégeait la ville (16 juin-1er août 1219). La limite inférieure ne peut être absolument démontrée : elle est fondée sur le simple fait que le poète s’arrête au début du siège de 1219 et n’en raconte pas l’issue. Mais la limite supérieure est, je crois, solidement établie. Elle se déduit de cette circonstance qu’à trois reprises différentes, aux vers 3146-8, 3401-4 et 3590-3, le poète fait allusion à la mort de Simon de Montfort. Dans le premier passage il s’exprime ainsi : « Je crois que pour cette terre (celle du comte de Toulouse) Simon sera tué ainsi que son frère. » Et dans le second : « Simon fut ensuite pour cette terre tué devant Toulouse, mort dont le monde entier est illuminé et Parage est sauvé. » La troisième allusion enfin est placée, sous une forme un peu détournée, dans la bouche du pape lui-même, qui, faisant application d’une prophétie de Merlin,

  1. Voy. II, 273, note 2.