Page:La Chanson de la croisade contre les Albigeois, 1875, tome 2.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
lxxv
introduction, § x.

tous les incidents de la réception enthousiaste qui lui est faite de Marseille à Beaucaire, énumérant tous ceux qui viennent se ranger sous sa bannière, ceux aussi qui combattent contre lui, les uns et les autres seigneurs de la Provence et du Comtat, qui ne paraissent que dans cette période de la guerre, et dont il aurait pu difficilement recueillir les noms avec autant d’exactitude, s’il ne s’était trouvé en contact avec eux[1].

La même conclusion s’impose avec plus de force encore à quiconque étudie de près le récit du siège de Beaucaire. Tout y est si précis, si bien d’accord avec ce que nous savons de l’ancienne topographie de Beaucaire, si facile à vérifier actuellement encore sur le terrain[2] — si on tient compte des différences causées par les alluvions du Rhône, au pied du château, et par l’ouverture du canal de Paul Riquet — qu’il est impossible de douter que l’auteur ait assisté à ce siège. Il y a de ces traits qu’on ne recueille pas de seconde main. Comment, par exemple, aurait-il été amené à mentionner jusqu’à trois fois ce vin du Genestet[3], que personne ne connaît hors de Beaucaire, s’il ne l’avait par lui-même connu et pratiqué ? Tout ce récit est dans ma traduction suffisamment commenté par le détail, pour que je n’aie plus à le recommander ici, et je passe immédiatement à la scène suivante dont le lieu est Toulouse.

Le poète, voyant les faits en action sous l’apparence

  1. Voir la liste des vers 3848 à 3864, et les notes de la traduction.
  2. J’ai fait cette vérification à Beaucaire même, en m’aidant des anciens compoids, qui remontent à 1390.
  3. Voy. II, 217, note 2.